ECONOMIE - L’instinct grégaire ou la psychologie des foules

Publié le par Cactus

L’action d’acheter ou de vendre est un comportement individuel qui devrait être rationnel en théorie, mais qui l’est rarement en pratique. On peut ainsi s’interroger sur la rationalité de l’acquéreur d’une voiture de sport dès lors que son utilisateur en aura un usage essentiellement urbain: de nombreuses décisions de consommation sont dictées avant tout par la finalité sociale de la possession, qu’il s’agisse de se distinguer ou au contraire de se conformer.

 


Extrait de la « psychologie des foules » de Gustave LEBON (1841-1931) : «  Le fait le plus frappant présenté par une foule psychologique est le suivant : quels que soient les individus qui la composent, quelques semblables ou dissemblables que puissent être leur genre de vie, leurs occupations, leur caractère ou leur intelligence, le seul fait qu’ils soient transformés en foule les dote d’une sorte d’âme collective. Cette âme les fait sentir, penser et agir d’une façon tout à fait différente de celle dont sentirait, penserait et agirait chacun d’eux isolément. »

 

Toute la société de consommation repose sur l’idée qu’il faut avoir pour être, dès lors que les besoins primaires sont satisfaits. Bien qu’il ne s’agit pas ici de présenter une analyse philosophique du besoin d’achat, l’auteur souhaite démontrer que la pression permanente des annonceurs, par le biais de la publicité entre autres, concourt à des comportements de masse.

 

« Nous avons déjà montré que les foules ne sont pas influençables par des raisonnements, et ne comprennent que de grossières associations d’idées. Aussi est-ce à leurs sentiments et jamais à leur raison que font appel les orateurs qui savent les impressionner. Pour vaincre les foules, il fut d’abord se rendre bien compte des sentiments dont-elles sont animées, feindre de les partager, puis tenter de les modifier, en provoquant au moyen d’associations rudimentaires, certaines images suggestives ».

 

 



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La première bulle spéculative un peu « médiatisée » remonte à 1637.

Ainsi, en 1636, une fièvre acheteuse s’était emparée des bulbes de tulipes en Hollande, faisant grimper le prix des plus rares à l’équivalent du prix d’une maison, ou encore 40 années de salaires d’un ouvrier. Jusqu’à ce qu’en février 1637, la bulle n’éclate, faisant s’effondrer le prix des tulipes de 90% en quelques semaines, puis à nouveau de 80% (soit 98% sur le prix de départ).

De l’avidité au gain à la panique, le comportement oscille entre deux états que Robert Schiller a développé dans son livre « l’exubérance irrationnelle ».

L’aspect typiquement exponentiel de la courbe, généralement suivi d’une chute vertigineuse, illustre ce comportement irraisonné de la foule.


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Gardons nous bien de jeter l’anathème sur la spéculation, le capitalisme ou les banquiers véreux : l’Histoire et le comportement des foules nous apprennent, primo, que le comportement humain collectif n’a pas beaucoup varié, secundo, que l’individu en foule diffère de l’individu isolé.

 

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